Christophe Casalegno

« Souverain » : ce mot qui me sort des yeux !

« Souverain » : ce mot me sort des yeux ! J’ignore exactement quand et comment cette idée a commencé à prendre racine et à gangrener le secteur de l’IT, mais il est temps de mettre un terme à cette folie !

Pire encore, le « cloud souverain » : sa lecture me donne des frissons d’irritation… Pourquoi ? Parce qu’il repose sur l’idée fausse et orientée que l’origine nationale d’un service serait un facteur primordial à son usage.

Ne vous y trompez pas : je suis moi-même un utilisateur du cloud « souverain » (un bien grand mot pour un expatrié comme moi…). Mais, non pas pour sa « souveraineté », mais plus simplement que des critères aussi peu importants apparemment aujourd’hui, tels que :

– la qualité des produits et des services,
– l’adéquation de l’offre à mes besoins,
– les tarifs proposés…

Alors, nombreux sont ceux qui mettent en avant la « sécurité » supplémentaire qu’apporteraient ces offres. Pourtant, quiconque ayant travaillé sérieusement dans le domaine de la sécurité, sait qu’en dehors de quelques institutions ou structures sensibles (pour lesquelles la notion même d’externalisation, qu’elle soit locale ou pas, devrait être abrogée), nos adversaires sont le plus souvent ici, tout près de nous…

Posez-vous cette question : quel est l’État ou le gouvernement le plus susceptible de représenter « demain » une menace pour vous ou vos activités ?

Il me parait essentiel de reconnaître que l’évaluation d’un service ne devrait, nonobstant les exceptions situées plus haut, jamais pas être fondée sur le critère de la souveraineté, par ailleurs toute relative et changeante au gré des rachats.

La qualité, la sécurité, la fiabilité, la disponibilité, la souplesse, la liberté, la pérennité : voilà quelques-uns des critères qui devraient guider nos choix et nos investissements.

Depuis que la grande majorité des acteurs du cloud français se sont mis en rang pour nous spammer la « souveraineté » dans tous les medias, AWS a battu tous les records d’adoption sur le territoire français. Corrélation ou conséquence : cette stratégie ne paye pas ! Alors pourquoi vouloir s’entêter à foncer tête baissée dans le mur souverain ?

Il est temps de laisser ce concept obsolète derrière nous (tous les composants de pointe sont fabriqués en Asie par des machines conçues en Europe…).

Aucune géographie ni aucune règlementation ne peut garantir votre sécurité ou votre indépendance : seuls les moyens techniques et opérationnels mis en œuvre le peuvent.

Il me parait plus judicieux de nous concentrer sur ces moyens concrets.

Enfin, sur le fond, est-il opportun de renforcer des concepts source de guerres dans le monde physique, dans le cyberespace plutôt que de conserver les valeurs et les principes d’ouverture qui ont fait sa force ? Pensez-vous vraiment que la souveraineté vaille ce qu’elle vous coûte ?


Christophe Casalegno
Vous pouvez me suivre sur : Telegram | Facebook | LinkedIn | Twitter | YouTube | Twitch

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *