Apprendre ou comprendre ?
Un stagiaire avec ChatGPT peut faire mieux que toi… sauf si tu possèdes ce superpouvoir.
Durant ces 25 dernières années, j’ai recruté et travaillé avec nombre de collaborateurs sur différents projets. Certains ont brillamment évolué, d’autres ont stagné ou échoué. Pour mes recrutements, j’ai développé un framework précis. Mais ce que peu de personnes savent, même parmi celles recrutées avec succès, c’est qu’un seul élément compte plus que tous les autres à mes yeux.
Lorsque je reçois une candidature, avant même de la lire, j’envoie un document présentant le mindset attendu. Ce document a évolué avec le temps, mais son essence reste inchangée. Peu le savent, pourtant sauf rares recrutements faits dans l’urgence, 99 % de la candidature se joue à cette étape.
Pourquoi accorder autant d’importance au mindset ? Parce que c’est lui qui me permet de détecter, au-delà de la compatibilité à travailler ensemble, le seul superpouvoir qui m’intéresse vraiment.
Les compétences s’acquièrent. Aujourd’hui avec toute la connaissance à notre portée, apprendre est devenu relativement facile : lire, mémoriser, répéter. À l’ère de l’IA, où des assistants comme ChatGPT, Claude, Gemini et consorts sont à portée de tous, la frontière entre celui qui a appris et celui qui maîtrise un outil devient floue. Le savoir technique seul ne suffit plus.
Dans de nombreux domaines, notamment la tech, il est devenu difficile de distinguer un ingénieur chevronné d’un stagiaire très doué en prompt engineering.
Et pourtant, certains individus brillent autrement. Ils irradient quelque chose. Curieusement et plus particulièrement dans la tech, on essaie de les éviter, ils dérangent, perturbent l’équilibre et la médiocrité établie. Beaucoup les détestent, mais moi je les adore : les super-héros.
Pourquoi ? Parce qu’en 2025, sans augmentation humaine, il est déjà impossible pour un humain de rivaliser avec la vitesse d’apprentissage des machines. Elles lisent, compilent, synthétisent des milliers de pages en quelques secondes. Toutefois, il reste une différence majeure entre elles et certains humains : un superpouvoir qu’elles n’ont pas encore réussi à acquérir : comprendre!.
Comprendre n’est pas apprendre. Comprendre, c’est connecter les points invisibles qui ne semblent pas reliés par les données. C’est percevoir une logique là où elle paraît absente. C’est déduire des vérités enfouies derrière des évidences trompeuses. C’est anticiper les conséquences réelles, résoudre les problèmes de fond, parfois et même souvent à contre-courant des données visibles.
C’est cette étincelle que je recherche autour de moi, aussi bien à titre personnel que professionnel. D’ailleurs, chaque fois que j’ai privilégié la compréhension profonde et le mindset au reste, le résultat a *toujours* été au rendez-vous. L’apprentissage effleure la surface ; la compréhension creuse.
les yeux ne voient que la surface des choses ; ne t’y fie pas.(Obi-Wan Kenobi)
Attention, je ne minimise pas la valeur d’apprendre. Elle est précieuse et même essentielle à la compréhension des choses. Mais, ce n’est pas ça qui nous distingue des machines. Aujourd’hui, si on se réfère à notre propre intelligence, la machine se contente de l’imiter, elle fait semblant de comprendre. Elle analyse parfaitement les données, mais elle ne pense pas. Elle ne ressent pas une idée. L’IA ne saisit pas ce qui dépasse les apparences.
Pour ma part, au stade où nous sommes arrivés, je pense qu’il s’agit plutôt d’une autre forme d’intelligence, différente de la nôtre, décorrélée de la conscience et de l’expérience de pensée, néanmoins elle n’en est pas moins redoutable ! Je suis également persuadé qu’au cours des années à venir, d’autres modèles seront capables de compréhension profonde, et que nous assisterons à une révolution bien plus profonde que ce que la plupart imaginent (ou n’imaginent pas d’ailleurs), mais ceci est une autre histoire.
Comprendre, c’est aussi être capable d’imaginer ce que les données ne montrent pas encore. D’exécuter des expériences de pensée. D’inventer des situations impossibles… puis de s’en servir pour faire avancer le réel.
Vous voulez rester indispensable encore quelques années ?
Apprenez à comprendre.
Penser n’est pas savoir.
Savoir n’est pas comprendre.Seuls ceux qui comprennent comprendront 😉
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Christophe Casalegno
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